ALERTE , les Archives, pilier de notre démocratie sont en danger ! nous explique le quotidien l'Humanité du 18 avril 200*9, page 10 :
Dixit... « Le 4 avril 2008, le conseil de modernisation des politiques publiques ... annonçait sa volonté de faire de l'actuelle Direction des archives de France un simple service au sein d'une direction générale de patrimoines, qui regrouperait "l'architecture, les archives, les musées ainsi que le patrimoine monumental et l'archéologie " ... ... enjeux ... techniques, scientifique, juridiques,
Dixit...éthiques ... source inestimable et irremplaçable pour le travail de l'historien [ contre tous les négationismes ...] Les Archives ... un organisme d'Etat garantissant la pérennité de documents susceptibles d'avoir valeur de preuve pour l'exercice des droits civils au quotidien. Autrement dit, les Archives sont la mémoire de notre société, une condition fondamentale de l'exercice de la démocratie. »
[ défi du numérique : propos que
je voudrais nuancer ... : la fonction des Archives n'est-elle pas à décoréler du support qu'elle utilise actuellement ? ... ]
Dixit...« Face au défi du numérique, support qui ne permet pas de conserver un document donné au-delà d'une dizaine d'années, comment croire que les recommandations d'un simple service administratif seront écoutées ? Dans une société qui valorise le direct et l'instantané dans l'échange d'informations, n'avons-nous pas plus que jamais besoin d'Archives nationales dotées d'une forte capacité d'initiative , capables d'apporter des repères collectifs ? Et si l'Etat renonce à sa responsabilité directe dans les Archives, n'est-ce pas la porte ouverte à tous les relativismes historiques à toutes les tentatives d'instrumentaliser la mémoire collective en fonction d'intérêts catégoriels ou communautaristes ? L.E. » ... un "Appel pour sauver les archives" ... a déjà recueilli plus de 5000 signatures dans les milieux universitaires mais aussi parmi les députés ...» voir : l'Humanité des débats. Archives nationales en danger : vers une société sans mémoire ? Regards croisés l’Humanité des débats. Archives Article paru le 18 avril 2009 ( http://www.humanite.fr/popup_imprimer.html?id_article=2741880 ) Antoine Casanova, historien, directeur de la revue La Pensée, Bruno Delmas, professeur d’Archivistique, de diplomatique et d’institutions de l’époque contemporaine, diplomé de l’Ecole des chartes Extraits : ... Bruno Delmas ... Nous ne sommes pas face à des livres, des oeuvres littéraires destinées au divertissement ou à l’étude. Ce sont des textes officiels, des documents administratifs, mais aussi des données personnelles, des correspondances, des photos, des contrats d’assurance, des relevés bancaires ou des fiches de paie, des factures qui règlent nos vies au jour le jour. ... .. les archives et l’accès aux archives publiques sont indissociables de la démocratie ..
.. L’ouverture des archives est donc décisive. La réglementation de cet accès comme l’accès lui-même sont des enjeux démocratiques majeurs. Il s’agit de protéger la vie privée des individus, tout en permettant à chacun l’exercice de ses droits de citoyen. ..
Le danger, ce n’est pas tant le « fichage » que l’accès et le croisement des fichiers. Il faut donc réinventer en permanence les modalités de l’accès aux informations et les règles de l’exercice du contrôle démocratique, de la démocratie.
Antoine Casanova. La transparence est une visée démocratique, un combat jamais achevé. La société doit être transparente dans ses principes, les règles qui la régissent. C’est une garantie que de pouvoir interroger ces règles et d’en changer quand la collectivité le juge nécessaire. Il ne s’agit évidemment pas de rendre la vie des citoyens transparente, de rendre public ce qui est privé. ... Bruno Delmas D’une part, la numérisation accélère, facilite la diffusion des données, ce qui est un progrès, mais impose de réfléchir à de nouvelles règles pour protéger l’accès à certaines informations concernant les individus. D’autre part, et c’est surtout ce point qui est sous-estimé aujourd’hui, c’est la conservation. Les documents numériques ont une vie limitée à quelques années. Là réside le danger pour la démocratie ... ... Le cas échéant, dans cinq ou dix ans, nous n’aurons plus rien, il faut même renforcer le poids de la direction des Archives de France et son indépendance pour écarter le risque d’une régression démocratique. ... Antoine Casanova Les entreprises, qui s’inscrivent dans des logiques de rentabilité, ne se soucient pas de tels enjeux. Elles liquident même les logiciels au fur et à mesure de leur remplacement sur le marché. Dès qu’un nouveau logiciel apparaît, on considère que le précédent est obsolète. Il y a donc nécessité d’une institution qui ait le sens de l’intérêt général, du bien commun. ... Bruno Delmas ... Or les archives ne sont pas une question interne au ministère de la Culture. C’est un problème à part entière de l’État en tant que tel. ... C’est elle qui a créé et qui héberge le Conseil international des archives. C’est elle, encore, qui a créé un stage technique annuel pour les archivistes du monde entier. On ne peut pas brader ce statut pour de simples raisons d’économies budgétaires. Et c’est une erreur de mettre l’accent uniquement sur l’aspect historique, même si celui-ci est bien sûr fondamental. Les archives ont aussi des aspects juridiques, économiques, sociaux, scientifiques… Elles ne sont pas que du patrimoine ; elles constituent tout autant une ressource. C’est le cas par exemple des brevets, des modèles déposés. Le fait qu’il y ait une institution pour les protéger stimule la recherche, la création. ... ...exploitation ultérieure, subordonnée aux besoins de la propagande de la communauté en question. Les États ne peuvent abandonner à ces groupes le soin de constituer ces mémoires. C’est pourquoi, pour revenir à l’institution des Archives nationales, il faut qu’elle ait un statut qui garantisse son autonomie et son objectivité, vis-à-vis de tous.
...Il faut laisser aux historiens le soin de réfuter preuves à l’appui avec les archives toutes les élucubrations négationnistes, et de réécrire, de façon toujours plus scientifique, notre passé collectif.
Antoine Casanova. La mémoire collective, l’appropriation par les citoyens de leur histoire nationale n’ouvrent pas sur le nationalisme. Au contraire. C’est l’amnésie qui permet la reproduction de l’horreur. Il reste encore beaucoup de choses à éclaircir aujourd’hui dans l’histoire de la France contemporaine, notamment sur les liens entre le patronat et le régime de Vichy. Je crois que certains ont intérêt à l’amnésie, au dénigrement des archives et aux amalgames entre idée nationale et nationalisme.
Bruno Delmas ....L’usage des archives étant multiple et personnel, l’enjeu global et institutionnel n’est pas immédiatement perceptible. ...
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