Forum - Sujet n°213
Sujet n°213 -
"La fin du courage" par Cynthia Fleury
-
par PaulTron le 04/06/2010 @ 17:25
"La fin du courage" par Cynthia Fleury _ aux éditions FAYARD
bribes :
page 191 : "Démocratie dans quel état ?" :
.... « La réflexion politique de la modernité s'égare derrière des abstractions vides comme la loi, la volonté générale et la souveraineté populaire, en laissant sans réponse le problème à tout point de vue décisif, qui est celui du gouvernement et de son articulation au souverain ». C'est pourquoi les complices du souverain, ses ministres, ses soldats, ses courtisans sont aussi dangereux et préjudiciables que lui ...
page 192 :
... L'idéal type du citoyen-soldat, corollaire des temps pionniers de la République, a disparu.
La sécurité s'est étatisée et non civilisée. Avant de devenir tristement professionnelle.
page 193 :
... sentiment ambiant de capitulation. Lassitude des uns, déseppérance des autres, désolidarisation et mesquinerie de tous.
« Jésuitisme et caporalisme, c'est là ce régime tout entier ».
Faux moralisme et vrai catéchisme pour mieux enrégimenter les ânes et leurs versions profanes, les opinions. .....
page 195 :
Le courage, ce n'est pas la vertu. C'est l'Ouvert de la veru. L'effort perpétuel. La santé. La volonté de ne pas laisser la dégénérescence l'emporter si facilement.
page 200 :
Il n'y a pas que l'ingratitude qui reste la marque des peuples forts. Le courage aussi. Et l'éthique du courage, une protection contre l'entropie démocratique.
page 189 :
( Alexis de Tocqueville - "De la démocratie en Amérique" ...) « Une foule de dévouements intrépides assiègent l'Elysée ... Janot, près du premier Bonaparte, bravait les éclaboussures d'obus; ceux-ci, près du second, bravent les éclaboussures de boue. .... C'est à qui fera ce trafic de soi-même le plus cyniquement, et parmi ces êtres il y a des jeunes qui ont un oeil pur et limpide et toute l'apparence de l'âge généreux, et il y a des vieillards qui n'ont qu'une peur, c'est que la place sollicitée ne leur arrive pas à temps et qu'ils n'arrivent pas à se déshonnorer avant de mourir » .... Chacun espère récupérer quelque bien destiné au seul collectif. Ce serait là un bonheur suprême : jouir seul d'un bien pour tous.
page 192 : "Démocratie dans quel état ?" :
« Qu'il n'aille pas s'imaginer, parce qu'il a entassé horreurs sur horreurs, qu'il se hissera jamais à la hauteur des grands bandits historique ....
Il restera mesquin ..... Dictateur, il est bouffon; qu'il se fasse empereur, il sera grotesque. Ceci l'achèvera.
Faire hausser les épaules au genre humain, ce sera sa destinée .... Il sera hideux, et il restera ridicule. Voilà tout. L'histoire rit et foudroie.
L'histoire ne pourra que le mener à la postérité par l'oreille. »
Réponse n°1
-
par poliTique le 18/06/2010 @ 15:20
Raymon AUBRAC : "Mon 18 juin 1940"
( vrai Résistant de la première heure )
vu dans 'Politis N°11071, du 17 au 23 juin 2010 :
" ..... On est un pays qui n'a pas d'avenir. Notre avenir, c'est 2012. Après 2012, il n'y a plus rien ! Ni de politique à long terme ni, naturellement, de projet à long terme. Le pays vit au jour le jour et en partie gouverné par la peur. La grande difficulté c'est de définir l'adversaire.
Il y a 70 ans, c'était simple. Mais maintenant ?
Si je descends dans la rue avec une pancarte "Sarkozy au poteau!", je n'aurai pas beaucoup de personnes pour me suivre. On a une politique absurde, idiote, et qui est faite par des gens très intelligents, donc très dangereux."

(propos receuillis par Florence Chirié & Jean-Claude Renard" )
Réponse n°2
-
par meghom le 19/06/2010 @ 15:19
L'esprit de résistance
par Marie-José de Lauwe
"Il faut rester une voix de conscience" ...
dans l'éditorial "Combats d'aujourd'hui", par François Ernenwein :
Dixit..." L'acte de résistance est d'abord un projet. Si résister commence d'abord par un "non", le refus ne peut vivre, se développer, et finalement l'emporter, qu'en offrant une alternative. ....
... La Résistance n'est pas seulement un moment daté de notre histoire nationale, ...
Elle devient un état d'esprit : « Dire non à tous les symptômes de l'atteinte à la dignité humaine, mais aussi à dire oui au respect profond de l'être humain dans toutes ses dimensions » ...
Malgré les abus de langage qui font parfois nommer résistance la moindre protestation, il convient malgré tout de s'interroger : où continuer à veiller ? "
Remarque perso : Et si la Résistance était justement un passage à l'acte résultant de la réponse que l'on apporte à cette question : s'interroger : où continuer à veiller ?
-----
Dixit...« ... Il y a une longue chaîne de défenseurs des droits de l'homme,
avec Martin Luther King, les mères de la Place de Mai, Nelson Mandela et Desmond Tutu ...,
qui donnent espoir.
Quand on voit les forces du mal à l'oeuvre, il faut s'inscrire dans cette chaîne. C'est ce que j'ai toujours dit,
on peut lutter, pas seulement s'enfermer dans l'horreur et dans le drame, mais voir ce qui est encore positif et s'y inscrire, en dépit de tout. »
( journal "La Croix" du 18 juin 2010 , page 8 )
page 12 :
* « Le terme "résistance" vient du latin resistere, "s'arrêter, se tenir en faisant face" »
* « Dès la fin du XIVe siècle, la "résistance" désigne l'action permettant à une personne de s'opposer à une contrainte physique, spécialement dans un contexte de guerre.»
* « Au XVIe siècle, le terme s'emploie avec une valeur politique,
s'appliquant au fait de tenir tête à une autorité établie ou à une limitation de la liberté »
« Avec la Révolution française, l'expression "droit de résistance" s'inscrit dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. »
... Pierre, dans les Actes des apôtres : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes » [Actes 5,29] ...
« ... Thomas d'Aquin citera Pierre pour légitimer la désobéissance à des lois contraires au droit naturel et au bien commun. »
PAGE 13 :
"L'inservitude volontaire" (Myriam Revault d'Allonnes, philosophe, Ecole pratique des hautes études )
Dixit...« L'usage courant donne au verbe "résister" et à l'acte de "résistance" une acception avant tout défensive, ....
En réalité, les choses sont bien plus complexes ... il est permis de s'interroger sur le sens de cet acte - à la fois extraordinaire et exemplaire - d'insoumission ou plutôt d'inservitude et sur ce qu'il nous révèle du rapport entre le pouvoir et la liberté.
Contrairement à ce que l'on croit trop souvent, le pouvoir n'est pas une "propriété", il n'est pas une "chose" que l'on conquiert, que l'on détient et qu'éventuellement on perd.
.... Il est bien plutôt une relation, une interaction complexe entre les gouvernants et les gouvernés ...
Si la servitude volontaire témoigne de la force de l'habitude qui, depuis si longtemps, nous a insidieusement appris à servir ( La Boétie ),
l'inservitude volontaire - dont témoigne
précisément l'Appel du 18 juin - est une "contre-conduite".
Bien plus qu'un acte de résistance
( au sens restrictif du terme : résister à ...), bien
plus qu'un prolongement de l'idée selon laquelle tout pouvoir
rencontre une résistance, elle implique une positivité de
l'affirmation, une possibilité de choix pour les sujets. Elle
permet l'élaboration d'une conduite alternative qui deviendra
ensuite gouvernement de soi (constitution d'un sujet éthique) et
des autres (constitution d'un sujet politique).
Les contre-conduites ne sont pas seulement des
conduites "réactionnelles". Bien entendu, elles
s'insèrent dans une certaine forme de rationalité
politique mais elles ouvrent surtout un champ de liberté. Elles manifestent une capacité d'initiative, une forme d'inventivité qui engage aussi bien le rapport à soi ( se constituer comme sujet éthique) que le rapport au pouvoir (qu'est-ce qu'être un sujet politique ?).
L'appel du 18-juin, dont on a très souvent souligné la dimension visionnaire voire prophétique, est aussi un véritable discours de l'indocilité réfléchie et de l'inservitude volontaire. »
"Un nouveau programme du CNR " ( Joël Roman, philosophe, collaborateur de la revue "Esprit" )
Dixit...
« ... La résistance sociale aujourd'hui s'oppose au train de délocalisations et de réformes qu'Etat et patronat mettent en oeuvre. ...
... Mais les thuriféraires du changement, de la réforme, du progrès, qui jettent parfois un regard de commisération compatissante aux nouveaux canuts, feraient bien d'y regarder à deux fois. .... »
« ... [gestion du personnel :] ... Tandis que les salariés sont pressés de renseigner toujours plus de questionnaires d'évaluation, on élabore des indices de performance quantitatifs, peu à même d'apprécier la qualité du travail ou du service rendu, mais fort opportuns quand il s'agit de fournir des outils de pilotage aux instances gestionnaires.
Nul ne nie, bien entendu, la nécessité d'avoir à rendre compte de ce que l'on fait : mais au lieu de permettre un retour réflexif et collectif, ces procédures fragmentent les tâches en autant d'objectifs et démembrent les gestes professionnels et les compétences des métiers.
Cette double inflexion, à la fois quantitative et individuelle, gouverne désormais le pilotage de nombre de situations de travail, de l'administration du social à celle de la santé publique, des entreprises de production de biens à celles de fourniture de services. ...
...
L'efficacité gestionnaire et le misérabilisme social sont ainsi les deux faces d'une même disqualification : celle des régulations collectives, justement consacrées par le programme du Conseil National de la Résistance., qui avait fait de la démocratie sociale le moyen et le lieu d'une pensée renouvelée de la solidarité. ....»
...
[ Retour à la liste des sujets ]
Haut