... la voie est désormais ouverte à la formation de nouvelles compétences collectives qui tiennent à la fois l'objectif de prévention des effets délétères de la crise sur la santé mentale des individus ; et le renouvellement de la coopération, non seulement horizontale mais aussi verticale, comme le prouve la capacité du collectif d'assumer dorénavant, avec ses propres forces, sans le concours du clinicien, la suite du processus de transformation de l'organisation du travail.
 En soulignant de surcroît que cette évolution, étant pensée et conçue par les salariés eux-mêmes, est, de fait, mieux comprise, mieux acceptée et même mieux assumée que si elle arrivait par la voie d'une prescription prônée par un consultant extérieur ou par un "expert" en organisation du travail.
...

... En d'autres termes, un seul suicide sur les lieux de travail, ou manifestement en rapport avec le travail , signe la déstructuration en profondeur de l'entraide et de la solidarité, c'est à dire d'une dégradation très avancée du vivre ensemble dans toute la collectivité. ...

... L'absence de réaction collective après un suicide ne peut pas être considérée comme neutre. ...
.. Elle scelle le silence encore plus qu'auparavant entre les collègues survivants.
 C'est pourquoi un suicide classé sans suite accroît les risques pour la santé mentale de tous ceux qui restent.

...  De la même façon que l'évolution individualisée des performances repose sur des fondements scientifiques erronés,
de même la qualité totale relève d'une conception fausse du travail.
 ... on a besoin et on aura toujours besoin du 'travail vivant'. Cela a toujours été le cas dans toutes les activités industrielles et c'est encore beaucoup plus patent lorsqu'il s'agit d'activités de service, impliquant des clients, des usagers, des groupes sociaux, etc. .., qui, de par leur qualité d'êtres vivants, font toujours surgir des imprévus dans le travail réel des prestataires de service . ...

... il met au jour une violence spécifique qui commande toutes les autres : celle qui considère les humains comme une collection d'êtres abstraits, sans corps ni visage, désincarnés ...